Mosquée Hassan II
Salam Maleykoum !
Après une année 2008 fort chargée au Dar Ma Ward - Amdoullah, nous avons eu beaucoup de clients avant cette crise mondiale qui risque de ralentir les choses pour encore quelques mois -, nous voici avec des nouvelles fraîches. Ce serait trop long et, certainement laborieux de vous raconter notre année à Marrakech, alors nous enchaînerons directement avec des photos de la Mosquée Hassan II de Casablanca. Pour faire court, sachez que nous aimons toujours autant notre activité, grâce à laquelle nous avons pu faire de nombreuses rencontres jusqu’à ce jour, toutes plus enrichissantes les unes que les autres.
Nous nous sommes donc rendus à Casablanca lundi et mardi, profitant de deux jours d’accalmie pour aller nous « européaniser ». Casablanca est une ville magnifique. Cette cité légendaire, très prisée sous le protectorat français pendant les années folles et mystifiée par le célèbre film du même nom , ne manque pas de charmes ; rien à voir cependant avec Tanger la Ténébreuse. Dar Bieda (en marocain, la ville blanche) a la réputation d’être une ville à part au Maroc, elle est à la fois cosmopolite, « branchée » et « occidentale ».
Architecturalement parlant, on ne peut pas dire que « Casa » soit aussi sophistiquée que Paris ou Prague (pour prendre l’exemple de capitales européennes esthétiquement raffinées). Le style prédominant est évidemment le style Art Déco : les immeubles, tout de blanc vêtus, contrastent admirablement avec le bleu du ciel et le vert des palmiers qui bordent les boulevards (notamment Moulay Hassan qui conduit à la Mosquée éponyme), à l’allure hollywoodienne. Ce contraste est saisissant !
Que dire de l’air marin qui nous a offert une vraie bouffée d’oxygène, et du poisson frais servi dans la plupart des restaurants et cuisiné avec la simplicité qui s’impose, quand on travaille avec du frais ?! Une mention spéciale pour le 38 (au 38 rue Rachidi), où nous avons mangé deux repas sur trois. A recommander encore et encore. Je ne mentionnerai pas l’autre établissement (de renom pourtant) car ce fut une totale déception et un fiasco complet… pour le coup, le poisson n’était pas de la pêche du jour !
N’oublions pas la Mosquée Hassan II, but de notre voyage. Ce monument érigé à la mémoire et à la requête du souverain du même nom est, plus qu’un lieu de recueillement, un hymne à l’artisanat marocain. En fait, c’était là le dessein d’Hassan II. Vous pouvez voir l'article du même nom en cliquant ici.
La Mosquée Hassan II est la troisième Mosquée au monde, après celles de La Mecque et de Médine. Sa construction a débuté le 12 juillet 1986 et l'inauguration eut lieu le 30 août 1993, après sept ans de travaux. Des artisans des 4 coins du Royaume ont participé à l’édification de ce chef d’œuvre, soit à peu près 35 000 ouvriers et mââlems (les maîtres artisans) ou l’équivalent de 50 millions d’heure de travail ; c’était un honneur d’être appelé à travailler sur ce chantier titanesque.
Comme dans tout monument architectural arabo-mauresque, le bois, la sculpture et la céramique sont omniprésents : à elle seule, la Mosquée recèle de 53 000 m² de bois sculpté et peint (parfois à l’or fin), et plus de 10 000 m² de zelliges représentant 80 motifs originaux. Le plâtre sculpté (gebs) et peint a été entièrement travaillé sur place par 1 500 artistes, et recouvre plus de 67 000 m².
C’est ainsi que nous avons pu admirer un minaret de 200 m de haut (l’édifice religieux le plus haut du monde), une salle de prière de 20 000 m² pouvant accueillir 25 000 personnes (en plus d’un parvis d’une capacité de 120 000 personnes), et dotée d’un toit ouvrant permettant de relier la salle de prière à l'Air, l'un des trois éléments bénéfiques à la vie, avec la Terre et l'Eau (également présente grâce au système de séguia qui traverse la nef centrale, la fameuse allée royale reliant les deux hammams et les deux salles d’ablution, soit un total de 124 fontaines).
« Détail » exceptionnel, lors des jours de grande affluence et de grosse chaleur, la Mosquée est alors naturellement ventilée grâce à sa toiture coulissante. Mais son originalité vient aussi de ce que le bâtiment est en partie construit sur la mer : « le trône de Dieu est sur l’eau ». Toutefois, depuis deux ans, des travaux de consolidation sont en cours.
De prime abord, j’étais un peu « choquée » par tant de fastes (colonnes titanesques en marbre, plafonds en cèdre sculptés et recouverts de feuilles d’or, 50 lustres en verre de Murano – les plus grands mesurant 6 m de diamètre et 10 m de haut pour un poids de 1200 kg ! -, toiture ouvrante, etc.). J’ai questionné le guide afin que l’on m’explique ce qui me paraissait contraire aux principes à l’Islam (normalement, une Mosquée se doit d’être dépouillée afin de ne pas détourner l’attention des fidèles). Hassan II voulait que cette Mosquée soit ouverte au monde entier, non musulmans compris, afin de montrer ce dont les artisans sont capables, de par leurs aptitudes mais aussi grâce à la foi.
La France, amie du Maroc de longue date, a participé elle aussi, puisque c’est le groupe Bouygues qui a été le maître d’ouvre sous l’œil vigilant de l’architecte Michel Pinceau.
Musulman ou pas, croyant ou athée, ce lieu chargé de spiritualité ne peut laisser insensible, on en ressort serein et apaisé. Les édifices érigés grâce à la foi des hommes ont ce pouvoir…
Dar Ma Ward - Marrakech